Lyle Tuttle, le tatoueur des 7 continents

Surnommé le père du tatouage moderne, Lyle Tuttle est une véritable légende. Artiste adulé des stars, il a encré la peau des plus grandes personnalités du siècle dernier. Collectionneur...
Le 2 septembre 2022

Surnommé le père du tatouage moderne, Lyle Tuttle est une véritable légende. Artiste adulé des stars, il a encré la peau des plus grandes personnalités du siècle dernier. Collectionneur et voyageur invétéré, il a grandement contribué à préserver et perpétuer l’héritage du tattoo jusqu’à nous. Retour sur 70 années de carrière.

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De la ferme aux salons de tatouage

 

Né en 1931 aux Etats-Unis, ce fils d’agriculteurs conservateurs passe son enfance en Californie. Lors de l’exposition internationale du Golden Gate qui se tient à San Francisco en 1940 – pour inaugurer l’ouverture des ponts mythiques qui enjambent la baie – il s’éprend de la ville. Le jeune Lyle est fasciné par les lumières et la démesure des buildings. Aventurier dans l’âme, à 14 ans, il décide de partir en virée en bus, seul et sans dire un mot à ses parents, pour découvrir The City by the Bay.

 

Au détour d’une ruelle, il tombe nez à nez avec un vieux salon de tattoo et sa vie prend un tournant décisif. Pour lui, les tatouages (qui couvraient principalement les corps de militaires) étaient la marque des aventuriers, et il en était un. Il entre alors dans la boutique, passe en revue les motifs accrochés au mur et se décide pour un cœur avec inscrit le mot « mère » à l’intérieur qu’il paye 3,50$ (environ 50$ aujourd’hui). Un cadeau vraiment pas donné pour l’époque que le petit Lyle était fier de pouvoir s’offrir.

 

Ayant trouvé sa vocation, il se fait par la suite tatouer et former par l’un des plus grands : Mr Bert Grimm, qui lui permet dès 1949 d’exercer son art professionnellement dans l’un de ses studios situé sur The Pike à Long Beach. 5 ans plus tard, il prend son envol et ouvre sa première boutique à San Francisco qu’il tiendra pendant 35 ans.

La philosophie de l’artiste

Instinctif et audacieux, il préfère de loin les tatouages spontanés aux motifs trop recherchés qu’il faut dessiner pendant des heures. Il considère les tatouages comme des souvenirs de voyage, comme des stickers que l’on colle sur sa valise. Il faut voyager pour en rapporter avec soi, sur soi. C’est d’ailleurs pour ces raisons que sa première boutique était située à proximité d’une gare routière !

Les femmes, les stars et la notoriété

Tatoueur talentueux, Lyle Tuttle attire tous les plus grands artistes dans son salon, à commencer par l’iconique Janis Joplin. En 1970, il lui dessine un bracelet autour du poignet et un petit cœur sur la poitrine qui deviendra un symbole de la libération des femmes et lui permettra d’attirer la gent féminine entre ses aiguilles. Pendant des années, il tatoue des centaines et des centaines de poitrines à l’image de celle de la Mama Cosmique. La même année, il fait la couverture du célèbre magazine Rolling Stone et étend sa notoriété à l’international. Tout au long de sa carrière, il tatoue les célébrités les plus en vogue : chanteurs, musiciens, compositeurs et acteurs tels que Jo Baker, The Allman Brothers, Cher, Peter Fonda, Paul Stanley ou encore Joan Baez.

Le gardien de l’histoire du tatouage

Lyle Tuttle est aussi un collectionneur passionné. Tout au long de sa vie, il a rassemblé d’innombrables objets d’art et artefacts liés à l’univers du tatouage, dont certains datent même de 400 après J-C. En 1974, il acquiert la collection de George Burchett, célèbre tatoueur anglais, qui lui permet d’étoffer la sienne. Photographies, tatouages, machines à tatouer, documents : il dispose d’une impressionnante collection qui fait rêver tous les mordus de tattoo. Alors que Tuttle arrête de tatouer en 1990, il continue néanmoins de donner des conférences sur l’histoire du tatouage et les machines utilisées dans le milieu pour transmettre son savoir.

Le défi de l’Antarctique

Après avoir baroudé aux quatre coins du globe, à 82 ans Lyle Tuttle décide de réaliser son rêve : devenir le premier artiste à tatouer sur les 7 continents. À l’image de l’adolescent qui fugua à 14 ans à San Francisco pour élargir ses horizons, il met cette fois le cap sur l’Antarctique. Sur place, il installe un salon éphémère dans la maison d’hôtes qui l’héberge, relève son pari et entre dans la légende. 5 ans plus tard, le 26 mars 2019, il décède dans la maison familiale où il a passé toute son enfance, à Ukiah en Californie.

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