Le tatoueur qui n’avait pas de blase
Un sudiste sans accent qui trouve Paris plus décontractée qu’Avignon c’est tout de même étonnant… Puis quand on discute un peu avec le personnage on s’aperçoit qu’il n’est pas...Un sudiste sans accent qui trouve Paris plus décontractée qu’Avignon c’est tout de même étonnant… Puis quand on discute un peu avec le personnage on s’aperçoit qu’il n’est pas à une contradiction près. Un peu hors du système du tattoo Pierre-Gilles n’en est pas moins un excellent tatoueur.
Créatif, besogneux, il aime travailler les projets de ses clients, les faire évoluer et y apporter sa touche graphique et souvent colorée. Vous le rencontrerez au studio La Bête Humaine pendant ses heures de boulot. Et le croiserez peut-être à Avignon où il redescend voir sa famille très fréquemment.
Rencontre avec Pierre-Gilles Romieu. L’homme qui n’avait pas de blase.
Pierre-Gilles Romieu, c’est un nom de tatoueur ça ?
C’est mon nom ! J’ai jamais trouvé de pseudo mais j’ai pas cherché non plus. J’en ai pas besoin.
Tu tatoues dans l’un des studios les plus connu de France, peux-tu nous expliquer comment tu t’es retrouvé là ?
J’ai travaillé 10 ans avec Stef (Stéphane Chaudesaigues) à Graphicaderme Orange puis Avignon. Et il m’a proposé de travailler à Paris. Ça lui permettait de garder un pied à terre ici et moi ça permettait de découvrir la capital et d’envoyer de belles pièces. C’était aussi un moyen de me lancer un défi, monter une équipe. Bosser sur des projets conséquents.
La clientèle entre Paris et Avignon est différente ?
Il y a plus de beaux projets à Paris. Je fais beaucoup d’heures, entre 10 et 12h par jour, mais ça me permet d’être au taquet et de me focaliser sur mon boulot. C’est encore plus dense qu’avant. Je le perçois comme une étape, une évolution. C’est un shop qui avait une grosse réputation donc faut être à la hauteur.
Tu te mets une pression particulière ?
Je m’en mettais déjà une à Avignon mais le nombre d’heures et le développement du shop ça me met encore de plus pression. C’est fatiguant mais j’aime bien ça ! C’est pas contre nature. Et ça me permet d’évoluer, sinon je stagne.
On distingue très bien ton travail. En peinture on appelle vulgairement les tableaux par le nom du peintre. Est-ce ça te gêne qu’on dise de tes tatouage « c’est un Romieu » ?
Honnêtement je m’en fou. Mon objectif c’est que les gens soient contents pas qu’ils aient un Romieu sur eux ! Après il y a une histoire d’eau chaude et d’eau froide. Je peux faire des tatouages très marqués comme je peux me mettre totalement au service de mes clients et faire ce qu’ils me demandent de faire. Mon but c’est qu’ils soient contents.
En ce sens ça te gêne si on considère que t’es un artiste ?
La sémantique je m’en fou. C’est un débat, je fais du dessin sur la peau ça n’a que l’importance que l’on veut lui donner. Cette histoire c’est plus une question de TVA.
Quelles sont les prochaines étapes professionnelles ?
Dormir plus de 6 heures ! Je ne regarde pas des années en avant, je prends ce qui arrive. La c’est déjà une grosse étape de m’installer sur Paris. Objectif 1 : avoir une équipe épanouie, faire que le shop tourne vraiment bien. Je fais mes pièces je suis content, l’équipe est soudée. On verra après.
Quels sont les endroits ou tu sors à Paris ?
Au Mabel et au Castor Club. Et au ciné UGC des halles. A la piscine des halles quand j’ai le temps ! Faudrait que je me remette au sport. Mon autre ville c’est Avignon, où vit ma famille. J’y descends souvent. C’est un mode qui me plait bien… on bosse comme des ânes pendant 5 jours puis quand on se retrouve on fait des choses ensemble, pour de vrai.
La dernière fois que t’es dit : “c’est la dernière” ?
Je calcule beaucoup, je me connais bien et je regrette rarement les choses. Honnêtement pas de souvenir.
Il y a de plus en plus de fournisseurs d’encres et de matériel. Notamment car la demande est de plus en plus forte. Comment tu choisies ton matériel toi ?
Ya une marque qui s’appelle French Touch – une encre 100% française – et là travailler avec des fournisseurs locaux ça me plairait bien. Et ça serait plus simple pour la législation qu’on puisse travailler avec des marques françaises. Aujourd’hui quand on travaille avec des encres étrangères on est considéré comme des importateurs.
Si tu devais te présenter aux élections municipales du 4ème arrondissement quelles seraient les premiers mots de ta campagne :
Je commencerais déjà par écouter les gens ! Avant d’avoir des idées je recueillerais celles des autres pour faire le bilan mais le pouvoir ça ne m’intéresse pas.
Il y a une citation que j’aime bien qui dit à peu près que le pouvoir est une chose horrible qui ne se laisse prendre que par les gens assez petits pour la ramasser. Je partage cette vision.
La série que tu regardes ?
SIx Feet Under. C’est avec Michael Hall le type qui joue Dexter. Je la trouve très juste au niveau des rapports humains. Très humble.
Ta lecture ?
Je relie des Grangé, des trucs d’horreur. Je suis beaucoup dans le train donc ca m’occupe.
Quels conseils donnerais-tu à tous les tatoueurs en herbe qui rêvent d’en faire un jour leur métier ?
Tout d’abord avoir un solide bagage technique en peinture, dessin, graphisme qui peut s’acquérir en passant par une école de dessin. Aujourd’hui la concurrence est telle qu’on reçoit quasiment une demande d’apprenti par semaine, donc autant mettre toutes les chances de son côté 🙂
Et il y aussi un élément essentiel, c’est les rapports humains entre les personnes d’un même staff, et donc quand on cherche un apprentissage il faut trouver un shop où l’on sent qu’on pourra s’intégrer facilement. Et faire le maximum d’efforts pour y être accepté !
Lors des premiers contacts, ne pas surjouer, rester humble, bosser trois fois plus, et faire le tour des conventions pour rencontrer plus facilement des tatoueurs et les démarcher avec un book de dessins bien fini, bien mis en valeur.
Et pour l’occasion pourquoi pas avoir une carte de visite avec le lien d’un book de dessins consultable en ligne !