Interview Belly Button

On tire le portrait de Belly Button, octobre 2014. Nous avons interviewé Belly à son retour de vacances. Nous sommes tombés sur un personnage détendu, sympathique et qui observe l’évolution...
Le 23 octobre 2015

On tire le portrait de Belly Button, octobre 2014.

Nous avons interviewé Belly à son retour de vacances. Nous sommes tombés sur un personnage détendu, sympathique et qui observe l’évolution de la scène française avec étonnement et bienveillance. Retour sur 90 minutes d’entretien.

Fabien Belly Button

Carte d’identité

Nom : Belly Button

Films cultes : Sacré Graal, Fight Club, Walk Hard, Snatch.

Le bouquin que tu lis en ce moment : Inferno de Dan Brown

La musique qu’on retrouve sur tout tes iPods : Grace, Jeff buckley / Funeral, d’Arcade Fire,/ Animal Magic, Bonobo / Sun Structures, Temple / Indigo Meadow, Black Angels

L’alcool que tu commandes sur tous les comptoirs de France et de Navarre: Un Rouge, Cabernet Grenache Syrah qui tape bien !

Ton sport : la course quand mon état le permet ! Je ne te cache pas qu’en ce moment c’est tendu.

Ton lieu de repli : Mon canap ! J’ai du mal à m’y coller mais je vais essayer d’y passer plus de temps. Mon corps me demande de bosser un peu moins et de me reposer un peu plus ! Sinon le Pays-Basque, d’où je suis à moitié originaire (l’autre moitié est catalane, ndlr). C’est vert, y’a l’océan, je m’y sens chez moi. Je suis qu’à moitié basque mais basque quand même !

Notes de musique

Le studio

En quelques mots, l’histoire de Belly Button Tattoo Shop:

Ca a commencé il y a 11 ans à Perpignan après ma maitrise aux beaux arts de Toulouse. A l’époque c’était un ancien couvent dans lequel on trouvait notamment un salon de coiffure de mon pote Mike. J’ai loué l’autre partie et j’ai ouvert mon shop !

A l’époque, on ne pouvait trouver que du Flash dans les salons de tatouages de Perpignan. Les clients souhaitaient trouver leurs motifs dans des catalogues et je leur disais « je dessine » ! Ca surprenait.

Quelques années après j’ai rencontré Aurélio qui sortait d’une école de dessin, il faisait de la BD. J’avais tatoué son éditeur qui a voulu nous présenter. J’ai tout de suite accroché à son style et à la personne. Il avait un talent de dessinateur et je lui ai proposé de lui apprendre à tatouer! Il venait du 93 ! Nouvelle région, nouvelle aventure.

Deux ans après L’Oiseau est arrivé au studio. Un ami nous a mis en contact. On s’est «reniflé le cul» quelques semaines et voilà ! Ca fait 1 an et demi qu’il tatoue et c’est juste hallucinant !

Le talentueux et célèbre Niko Inko (il adore qu’on le présente comme ça…!) nous a rejoint dans le sud depuis quelques mois.

On reçoit également beaucoup de guests au salon. En ce moment, on a Luis Jade de Mexico. C’est un aspect du monde du tatouage qui me plaît énormément. Tu peux rencontrer, partager et échanger à travers le monde. C’est une partie fantastique de notre métier.

Vous êtes particulièrement bien représentés sur les réseaux sociaux. Certains tatoueurs souhaitent rester planqués, pas vous. Pourquoi ?

C’est étonnant de voir l’effervescence qu’il y a autour de cette page (ndlr: la page du compte Facebook de Belly Button compte plus de 200.000 membres) ! Pour nous c’est simplement un jeu. On a alimenté notre compte Facebook et la sauce a pris.

Nous sommes contents de présenter nos pièces quotidiennement, même si celles qui ont le plus de « succès » sur internet ne sont pas toujours celles que l’on préfère.

Depuis 3 ans on est en salon privé. On a transformé mon ancien appart en salon de tattoo. On est plus à l’écart et au calme. Les gens sont surpris parce qu’ils s’attendent à une grande devanture et c’est un tout petit truc avec écrit Belly Button sur la sonnette.

jap

Le tatoueur

On retrouve beaucoup d’influences japonisantes dans les pièces que tu fais, pourquoi t’as pas ouvert un resto de sushi ?

(Rires) Je suis d’accord avec toi dans le sens où il y beaucoup d’influences japonisantes mais c’est pas tout. J’aime à travailler l’abstrait, les textures de pinceaux, de crayonné, de poska ou de bombe de peinture. J’ai un également un monde d’illustration.

Plus sérieusement, d’où te vient cette influence ?

De mes études de Designer et du travail de ruff pour le coté graphique du tatouage.
Quand je me suis intéressé au tatouage japonais, je trouvais ça trop compliqué, trop fouilli (trop de couleur, de détails etc.). Je préfère en faire une version plus épurée. Que ça va bien vieillisse dans le temps!

J’espère que mes clients pourront toujours lire leurs pièces à 60 ans !

J’ai tendance à associer le japonais au jazz. Ça n’a pas l’air facile d’accès mais quand tu commences à t’y intéresser c’est un monde fantastique.

Et puis il y a a ce côté intemporel du japonais que je recherche dans mes tatouages. Sur moi je n’ai que du japonais. Bras gauche (Sacha) Bras droit (symétrie de Yann Black). Dans le dos j’ai une carpe japonaise (Stef, Illusion of light). Je ne fais que des grosses pièces, une par membre.

Et puis le thème des éléments naturels me plait beaucoup. Ca donne du mouvement, de l’énergie, de la poésie.

Comment travailles-tu les projets avec tes clients ? Les gens savent-ils ce qu’ils veulent quand ils viennent te voir ?

Les personnes que je rencontre viennent de temps en temps avec un plan détaillé de ce qu’ils souhaiteraient. Je préfère leur poser deux questions :
« Pourquoi tu souhaites te faire tatouer et qu’est ce que tu veux raconter ». On cherche comment graphiquement on va retraduire la symbolique qu’ils ont en tête. Il y a des tatoueurs qui laissent des gens prendre leurs rendez-vous sans trop chercher à comprendre le pourquoi du comment, ce n’est pas dans ma démarche ! On est ici pour créer une pièce pour quelqu’un et il faut connaître un minimum la personne !

Au shop la politique est de rencontrer et discuter avec la personne. Après tu tatoues. Je dessine toujours sur la peau de mes clients, je ne travaille qu’en free hand. Et puis le principe de base c’est le partage.

La majorité des tatouages que tu fais sont épurés et on y retrouve une certaine joie de vivre ! On a l’impression qu’ils sont en mouvement. C’est ton reflet ou c’est uniquement une volonté artistique ?

Le tattoo doit avoir une volonté optimiste. Il ne doit pas avoir de côté négatif. Tu t’affirmes en tant qu’être humain et tu te fais plaisir. C’est une partie de toi même que tu viens montrer aux autres. C’est important pour moi de venir donner cette touche d’optimisme.

Comment sélectionnes-tu tes clients et les projets que tu acceptes de travailler ?

J’accepte en générale tous les projets que l’on me propose si celui ci répond à mes règles. Je ne retravaille pas de tatouage. Je ne tatoue pas près d’autres tatouages à moins qu’ils ne  soient dans la même veine graphique. Pas de petites pièces. Il me faut de l’espace… En travaillant en free hand, tu viens t’inspirer du corps de ton client, ses muscles, ses courbes et de la géométrie corporelle. Je fais également attention à la démarche de mon client. Bien comprendre le pourquoi du comment.

La règle c’est le respect.

La personne/célébrité que tu aimerais faire passer sous tes aiguilles ?

Dewey Cox, le héro de Walk Hard.
Sinon Alain Chabat, ça serait quelque chose ! J’adore tellement le personnage que ça me ferait bien kiffer !

free hand

Le tatouage

Quels sont les tatoueurs qui t’ont particulièrement influencés ?

Bugs : un mec qui m’a pas mal influencé dans ça démarche où le monde du tatouage s’inspirait de l’art moderne. C’est la première approche d’un tatoueur qui sortait de l’ordinaire. Il allait plus loin que les règles établies. Puis Yann Black qui a un peu brisé les règles et qui m’a fait réfléchir sur le fait que je pouvais tatouer ce que j’aimais le plus  dessiner.

Le tatouage s’est éloigné de son consensus pour s’ouvrir à un nouveau monde graphique.
Beaucoup de tatoueurs se sont retrouvés dans cette nouvelle démarche tel que Xoil, Jeff de la « Boucherie Moderne » ou Léa Nahon pour ne citer qu’eux et tout ce petit monde a contribué a proposer une autre vision du tatouage.

Qu’est ce que tu penses du tatouage en France aujourd’hui ?

C’est en pleine ébullition.
Beaucoup de nouvelles têtes, de nouvelles idées et beaucoup d’autres sont un peu trop inspirés par ce qui a été fait…
Sur la scène française on a du beau monde tel que Lilou à Clermont (Santa Sangré), Kofi à Strabourg (Baron Samedi), Le Nad à Lille (Chiale Baby), Yom (Mystery Tattoo Club) ou encore Frank Anzalone à Valence (Misti-Ka).

Perpignan a maintenant de chouette salon comme le Old Serb Club de Saddhu ou Seb de chez Ink me. Et comment ne pas citer les 3 compères qui travaillent avec moi: Aurélio, l’Oiseau et Niko Inko.

Qui sera Président de la République en 2017 ?

C’est triste à dire mais ca sera surement le nain ! Après le flamby qui aura saoulé tout le monde ! Mais je précise que j’ai pas de carte d’électeur !

Si c’était toi, quelle serait ton premier mot pour les français ?

Bonne chance !

Cas pratique :

Un émirat se pointe au shop avec un lingot d’or dans la main gauche, un cubain de 30 centimètres dans l’autre et un pendentif avec une photo de ta fille autour du cou. Il écrase son cigare sur ta pile de flyers et te tend un billet d’avion : un aller/retour pour Doha, il veut que tu viennes piquer son portrait sur le front de sa femme ! Départ ce soir.

Comment réagis-tu?

a/ tu baisses ton fûte et tu lui pisses dessus (c’est pas ta fille c’est ta nièce et tu peux pas la sentir)
b/ tu prends le lingo, le billet et tu le suis sagement
c/ tu pointes Aurélio du doigt et tu glisses à l’oreille de l’Emirat : « c’est lui Belly » !

(Rire)La dernière si je devais choisir ! Mais en réalité j’ai 2 an et demi de liste d’attente, voilà ce que je lui dirais !

Maison Belly

 

Interview réalisée par Basile George, La Galerie du Tatouage.

Contact:

Belly Button Tattoo Shop

15 rue Joseph Coma, 66100 Perpignan

https://www.facebook.com/bellybuttontattooshop

Partage
Rejoignez-nous sur Facebook