Le tatouage japonais, tradition menacée

Les tatoueurs japonais, dans le collimateur de l’État nippon, pourraient ne plus continuer à travailler. Le festival de tatouage de Chaudes-Aigues, Cantal Ink (2 et 3 juillet 2016), accueille...

Le 22 février 2016

Les tatoueurs japonais, dans le collimateur de l’État nippon, pourraient ne plus continuer à travailler.

Le festival de tatouage de Chaudes-Aigues, Cantal Ink (2 et 3 juillet 2016), accueille cette année le maître tatoueur japonais Honda Tsuyoshi. La venue de ce vénérable praticien de l’encre a été annoncée sur le blog des organisateurs de l’événement. Ils déclarent par la même occasion que la vie des tatoueurs de ce pays n’est pas des plus reposantes : « […] le Japon pourrait bien reléguer tous ses tatoueurs à la clandestinité ». C’est à se demander si l’irezumi – tatouage traditionnel embrassant la quasi totalité du corps et exécuté uniquement à la main – ne va pas vivre ses dernières heures?

Le site Japoninfos.com rappelle également que le tebori – technique d’encrage manuelle plutôt douloureuse, réputée être longue (300 heures de travail) et onéreuse, pourrait également tomber aux oubliettes.

Si le tatouage est de plus en plus accepté et même porté à l’écran par des émissions comme London Ink, Miami Ink, il ne bénéficie pas de la même popularité au Japon : « […] l’archipel nippon continue de traiter ses tatoués comme des parias. Dans l’imaginaire collectif de l’Empire du Soleil levant, le tatouage est toujours fortement apparenté aux yakuzas, les membres du crime organisé. » En 2015, plusieurs tatoueurs ont été arrêtés par la police dans les environs d’Osaka et de Nagoya. La raison? Ces derniers ne respectaient pas le Code de la médecine de leur pays car ils ne possédaient pas une licence médicale pour tatouer. Au Japon, désormais, seuls les carabins pourront pratiquer le tatouage, et avec toutes les connaissances médicales à emmagasiner, on peut vraiment se demander s’ils auront le temps d’apprendre à tatouer? Une situation aussi saisissante que consternante que l’on peut dénoncer en signant une pétition.

Tatoueur : Kenji Shigehara