Le tatouage lutte contre les violences domestiques

La tatoueuse russe Zhenya Zakhar aide les femmes grâce au tatouage. « Une fois tatouées, elles repartent transformées ». Zhenya Zakhar, 33 ans, officie du côté d’Oufa (république de...
Le 7 avril 2017

La tatoueuse russe Zhenya Zakhar aide les femmes grâce au tatouage.

« Une fois tatouées, elles repartent transformées ». Zhenya Zakhar, 33 ans, officie du côté d’Oufa (république de Bachkirie) et aide les femmes, victimes de violences, à camoufler leurs stigmates grâce au tatouage.

Elle a débuté dans le tatouage en 2005 et elle propose ses services gratuitement tous les lundis. Zhenya rappelle qu’elle marche sur les traces de sa consœur brésilienne, Flavia Carvalho.

Le long témoignage de la tatoueuse accordé à France 24 est effarant, effrayant :

« Quand elles arrivent, elles sont souvent complexées en raison de leurs cicatrices, qu’elles trouvent laides, même si elles sont parfois très petites. Nous choisissons ensemble le motif du tatouage. Le plus souvent, je dessine des fleurs ou des papillons, c’est-à-dire quelque chose de doux et de féminin, à l’image des femmes que je reçois. Une fois, on m’a également demandé de dessiner une licorne ! »

De Zhenya Zakhar

De Zhenya Zakhar

Un tatouage réparateur

« Une fois le tatouage réalisé, les femmes pleurent souvent en voyant le résultat. Mais ce sont des larmes de bonheur, puisque leurs cicatrices ne sont plus visibles. Du coup, elles n’ont plus honte de leur corps et repartent transformées. Cela leur permet d’oublier le passé ! Toutes les femmes que je reçois sont différentes, mais toutes me racontent des histoires terribles. L’une d’entre elles m’a raconté que son compagnon – avec lequel elle vivait depuis trois ans – lui avait tiré dessus avec un pistolet juste avant leur mariage civil, dans la pièce adjacente à celle où il devait être célébré. Une autre femme m’a dit qu’elle avait été battue par son mari, au niveau du ventre et de la poitrine. Ses coups n’avaient pas laissé de traces visibles sur son corps, mais on a découvert plus tard qu’elle avait des caillots dans le sang, notamment à côté des ovaires. Du coup, elle a dû être opérée – ce qui a laissé des cicatrices sur son corps – et elle ne pourra plus avoir d’enfant. »

La tatoueuse a déjà exécuté 200 tatouages environ pour couvrir les cicatrices des femmes, et elle aimerait se déplacer avec son compagnon pour en aider d’autres qui ne peuvent pas forcément se rendre à Oufa.

De Zhenya Zakhar

De Zhenya Zakhar

Une situation indigne

La violence dont les femmes sont victimes est minimisée. « La police a tendance à considérer les affaires de violence domestique comme de simples disputes, internes à la famille, même si certains hommes ont déjà été emprisonnés pour cela », concède-t-elle.

Mais depuis le 7 février, une loi sur la « dépénalisation des violences domestiques », promulguée par Vladimir Poutine, risque de ne pas arranger la situation fragile des femmes. Désormais, les hommes qui frappent leur épouse sont juste inquiétés par une simple amende — sauf si ces derniers sont récidivistes ou s’ils sont trop violents. En 2016, il faut tout de même savoir que
7 500 femmes sont mortes sous les coups de leur compagnon…

« Je pense qu’elle est aberrante et c’est également l’avis des femmes que je tatoue. Avec ce texte, on laisse le champ libre aux hommes violents. Il ne peut que faire empirer les choses pour les femmes […] En Russie, beaucoup de femmes sont souvent battues par leurs compagnons lorsqu’ils sont ivres. Plutôt que d’adopter une telle loi, on devrait plutôt aider ces femmes, en les écoutant davantage, même s’il existe déjà quelques centres destinés aux victimes de violences conjugales. Rien qu’avec quelques projets comme le mien, on pourrait déjà progresser ! »

De Zhenya Zakhar

De Zhenya Zakhar

De Zhenya Zakhar

De Zhenya Zakhar

De Zhenya Zakhar

De Zhenya Zakhar

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