Tatouage cover : tout ce qu’il faut savoir

Yashka Steiner, tatoueur basé en Suisse du côté de Genève, explique les différents enjeux du cover, une pratique encrée qui demande de la délicatesse et de la précision !

Quel a été le tatouage le plus moche que tu as dû recouvrir ? 
« Je ne me permets pas de porter un jugement sur les tatouages des gens, je ne suis pas à leur place. Souvent, je vois que l’aspect économique a été déterminant dans une mauvaise prise de décision ou une erreur de jugement (un tatouage trop petit par exemple). »

Quel type de tatouage est relativement facile à recouvrir ?
« Les tatouages que l’on peut considérer de mauvaises factures sont plus faciles à couvrir car généralement ils ne sont pas très foncés et avec relativement peu de couleurs. Ensuite il faut compter deux à trois sessions pour faire complétement disparaitre un ancien tatouage, surtout si il y a de la couleur dans l’équation. Suivant l’état de la peau, l’endroit à couvrir, la cicatrisation peut être plus lente. D’ailleurs, il faut éviter de couvrir un tattoo frais sachant que le cycle de cicatrisation complet prend une année environ. »

Les gens se font recouvrir le plus souvent quels types de motifs ? 
« Les prénoms, c’est souvent le plus dur à assumer ou bien alors des pièces très anciennes qui sont devenues difficilement lisibles. »

Sur toute ta clientèle, le cover concerne combien de personnes environ, tu pourrais me donner un pourcentage ?
« On peut dire qu’une fois sur cinq je passe par dessus un ancien tatouage ! »

Différentes étapes d’un cover

Est-ce que des tatoueurs sont uniquement réputés pour faire du cover ? 
« Oui, il y en a, après je ne vois pas qui, mais je sais que ça existe ! Par exemple, en 2015, à la WorldWideTattoo Conference de Portland, j’ai eu le plaisir d’assister au workshop de Guy Aitchison spécifiquement axé sur sa technique de cover et j’ai été vraiment impressionné ! »

Avant de faire le tatouage qui va recouvrir l’ancien, comment cela se passe ?
« Il y aura peut-être plusieurs séances pour bien cerner l’essence du projet, mais au préalable je vais m’assurer de la motivation de la personne. Si je sens qu’il y a des hésitations ou que la personne ne fait pas preuve d’ouverture d’esprit, j’évite de lui faire perdre du temps et n’entre pas en matière afin qu’elle trouve son bonheur ailleurs. Le tattoo est un jeu qui a pour seul règle l’accord mutuel et la confiance. »

Faire un cover représente quel challenge pour toi ?
« J’adore faire des extensions de tatouage, continuer le travail de quelqu’un d’autre, je trouve dans cette forme de collaboration « en différé » une façon positive de donner un sens à notre travail, et à la pièce que cette personne va porter à vie.  »

Quelle est ton approche du cover ? 
«  Mes dernières pièces sont essentiellement des continuations de travaux commencés par d’autres personnes, j’adore juxtaposer, jouer avec les formes, répondre à des surfaces par des effets de structures ou de trames, je suis toujours très excité par ce genre de challenge et je dois dire que ça fait du bien de s’accrocher à quelques contraintes, ça force à être inventif et à trouver des solutions. C’est un peu un jeu en quelque sorte. »

Le plus simple est de refaire une nouvelle pièce par dessus l’ancien tattoo ? 
« Il n’y a jamais rien de simple en matière de tatouage ! Par son positionnement, même si on recouvre complétement un tatouage, il subsiste l’intention première du précédent tatoueur puisque tu n’as pas le choix de l’emplacement. Par contre, comme en design, je tends toujours à donner l’apparence de la simplicité. Même un aplat noir d’aspect « simpliste » peut se révéler un véritable challenge suivant ce qu’il y a à recouvrir. »

(*) : Les photographies ne montrent pas le travail de Yashka qui répond à nos questions.

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