Le syndrome de Stockholm avec votre tatoueur ?

COUP DE PETARD – Des vocations naissent et de plus en plus de personnes s’improvisent tatoueur. Avec pour conséquence un regain de vilaineté tatouées sur nos peaux et des clients...
Le 22 juillet 2019

COUP DE PETARD – Des vocations naissent et de plus en plus de personnes s’improvisent tatoueur. Avec pour conséquence un regain de vilaineté tatouées sur nos peaux et des clients qui semblent heureux. Mais put… qu’est ce qui nous arrive ?!

Le syndrome de Stockholm vous connaissez ? C’est le syndrome qui veut que, après une prise d’otages, les victimes se prennent de compassion pour leurs ravisseurs. Les psychologues l’expliquent par la traduction d’une empathie réciproque qui naît lors de l’échange entre les parties. Grosso modo.

On se demande si ce syndrome ne se serait pas invité dans le tatouage… Non pas que nous soyons pris en otage par les tatoueurs. Mais nous voyons de plus en plus de personnes heureuses des tatouages ratés qu’elles portent. Pourtant la France est un vivier énorme de tatoueur talentueux. Tentative d’explication.

 mauvais tatoueur

Le français a mauvais goût, vraiment ?

La première explication pourrait être toute simple. Finalement nous avons des goûts de chiottes et aucune sensibilité artistique. C’est vrai qu’en France les stades de foot se remplissent plus vite que les musées, les vendeurs de bananes dans lesquelles ont rangé nos billes dans les 90’s n’ont toujours pas fait faillite et Jean-Marie Bigard continue de remplir des salles.

Mais, n’en déplaise aux ritals, la France est le pays le plus raffiné au monde. Gastronomie, Haute-Couture, vin. Pendant que les espagnoles cultivent la mulette en France on accueille la Fashion Week.  L’explication du goût semble donc légère et il faudra aller chercher ailleurs.

L’orgueil plus fort que la raison ?

Pas facile de reconnaître qu’on vient de payer, parfois cher, pour une immondice. Imaginez la scène :

-Hey mec, t’as un nouveau tattoo ?

-Yes ma couille, je viens de le faire. Ca m’a couté tellement reuch mais ça fait une paie que je voulais me l’offrir !

-Enorme ! Mais ça représente quoi ? Une merde ?

-T’es ouf mec ! C’est un putain de black mamba qui s’enroule sur lui même ! Une pure tuerie !

Et ouai. On a tous un pote qui s’est fait tatouer une daube mais qui préfère fermer les yeux. Déjà parce que c’est dur de s’avouer qu’on s’est fait fister par un clown qui s’est prétendu tatoueur. Et ensuite parce que c’est encore plus dur d’admettre qu’on va devoir porter une horreur sur soi toute sa vie.

Du coup l’échappatoire est simple : on nie l’évidence pour se rassurer.  On évite de trop se regarder dans la glace et on se persuade que notre tatouage est cool, notamment en commençant par convaincre notre entourage. Tout cela en espérant que ça marche et que ce tatouage devienne un jour plus beau qu’il ne l’est vraiment. Ca s’appelle la prophétie autoréalisatrice et c’est une tentative d’explication.

Tatouage serpent rate

On se prend d’empathie pour notre tatoueur scratcheur

Après avoir passé un long moment à discuter, après avoir confié une partie de soi, après avoir reniflé l’haleine du coupable pendant plus d’une heure en écoutant ses doléances difficile de se retourner contre lui et de lui faire porter le chapeau. Le mec est super cool, il nous a fait un prix d’ami alors que c’est même pas un pote. Et en plus il débute. Puis si je me souviens bien il n’avait pas son matos habituel. Non, franchement, il s’en est super bien sorti ! Certes j’ai déjà vu mieux sur internet mais bon… les photos sont toujours retouchées puis les tattoos coutent tous 10.000 boules ! Là c’est du fait maison, un vrai travail d’artisan. Belle opé, le mec est bon et je le recommanderai.

Voilà le genre de raisonnement que pourrait tenir un mec gravement atteint de ce fameux syndrome de Stockholm. Toutes les raisons sont bonnes pour excuser le tatoueur avec qui on a passé un si bon moment. Et on prend sa défense de manière totalement inconsciente.

Entre l’orgueil et le syndrome de Stockholm nous sommes donc partagés et, sans doute, les 3 explications sont vraies. Le mauvais goût et le pêché d’orgueil autant que l’empathie que l’on peut avoir pour la personne qui nous a tatoué. Et à qui nous sommes prêts à tout pardonner. Mais quelle attitude adopter quand ça arrive à un pote ? Est-il préférable de lui ouvrir les yeux, de l’orienter vers l’un des milliers de tatoueurs talentueux que compte la France au risque de lui piquer le coeur ? Ou alors se taire comme des fions et jouer l’hypocrisie. Cette deuxième option est simple mais n’est, finalement, pas le rôle d’un pote. Si vous avez un ami(e) dans ce cas c’est donc à vous de jouer !

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