Souvenir encré au pays de Gandhi

Artiste culte de l’underground français, Jean-Louis Costes est allé en Inde à la fin des années 1970 et a ramené de ce voyage un souvenir indélébile. « J’aime regarder...
Le 17 septembre 2016

Artiste culte de l’underground français, Jean-Louis Costes est allé en Inde à la fin des années 1970 et a ramené de ce voyage un souvenir indélébile.

« J’aime regarder les tatouages sur les gens,  quand ils sont beaux ça rend le corps magique. » Jean-Louis Costes, artiste protéiforme, à la fois écrivain, musicien, performeur, est un impénitent voyageur.

Il s’est envolé pour l’Inde en 1977 en caressant le rêve de gagner ses galons de hippie pour séduire les filles quand d’autres y allaient pour chercher un sens à leur vie, l’existence, mais lui n’a pas autant d’ambition karmique. Il voulait juste obtenir un « diplôme de vrai hippie » en s’affichant avec des fringues de baba cool, une longue chevelure et des tatouages. Pas forcément attiré par le pays de Gandhi, il suivait bêtement toutes les « modes venues des USA ou d’Angleterre ».

De ce périple de trois mois, en plus d’une plâtrée de souvenirs et d’anecdotes, il a rapporté dans ses bagages — ou plutôt sur ses mains — des tatouages qu’il regrette.

Capture d'écran - Tatouage de Jean-Louis Costes

« C’était la preuve inscrite dans ma chair que j’étais vraiment hippie, un mec cool. » À peine arrivé à Bombay, il fonce à Goa pour découvrir ce « paradis des drogués ». Jean-Louis, dix-huit ans, voit l’endroit comme le Disneyland des hippies avant de constater que « cette ville était pourrie : des prix élevés, l’eau et la bouffe bourrées de maladies, et je ne parle pas des hordes de junkies occidentaux qui agressaient pour vendre du shit coupé à base de pétrole, braquer ». Cette réalité n’irradie pas la paix.

Avec le recul et des décennies en plus au compteur de sa vie, l’auteur de Guerriers amoureux — roman tarabiscoté qui narre les aventures de l’attachant Patou qui vogue d’une galère à l’autre avec un sens aiguisé du système D — estime qu’il était naïf, impressionnable.

C’est dans cette atmosphère dantesque qu’il décide d’être tatoué. « En matière de tatouages, des symboles sont incontournables ! Le « Ohm », le « Soleil » et la « Lune » sont les obligés du kit du baba cool. Il est important qu’ils se voient bien. »

Dans sa quête pour devenir hippie, Jean-Louis Costes opte pour les paluches après des hésitations à sacrifier quelques centimètres carrés de la peau de son visage.

Il s’est fait tatouer par un Indien. Il était « assis dans la rue avec ses aiguilles rouillées. Il prenait l’eau dans le caniveau pour la mélanger à l’encre. »

Malheureusement, les tatouages se sont infectés dès le lendemain et le bras de  Jean-Louis enfle au point d’envisager l’amputation du membre. « Le pus a délayé l’encre et du coup ma « Lune », mon « Ohm » et mon « Soleil » ne ressemblaient plus à rien. Allez, si : trois gros cacas illisibles ! »

Jean-Louis ne s’est pas soigné car un « véritable hippie ne se médicamente pas avec des remèdes « capitalistes », mais avec la force mentale ».

Les conséquences de sa galère encrée ne s’arrêtent pas-là. « Non seulement, je ne connais pas la signification symbolique de ces signes, mais ils me pourrissent la vie car je suis étiqueté « baba cool », et en plus à toutes les frontières, lorsque les douaniers voient ces tatouages de « drogué », invariablement, ils me fouillent le cul dans une cabine. »

Ces tatouages ne sont décidément pas à la hauteur des attentes de Jean-Louis Costes. « Quand je suis rentré en France, la mode des hippies était passée, et ils étaient devenus punks ! J’étais le pire des ringards avec mes tatouages hippies sur les doigts. Tout le monde me traitait avec haine de « baba » et aucune fille ne voulait coucher avec moi. Le flop total ! »

Malgré ces tatouages vraiment ratés, Jean-Louis passe à nouveau sous les aiguilles à la fin des années 1980 ou 1990 en allant chez un vrai praticien de l’encre. « J’ai un autre tatouage, un petit truc géométrique sur l’épaule réalisé par un tatoueur parisien, mais je ne me souviens plus de son nom. »

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