Tatouage : fin de roadtrip en Inde
Stéphane Guillerme, auteur du livre L’Inde sous la peau, défend actuellement un projet de financement participatif à propos du tatouage en Inde, et il a accepté de répondre à...Stéphane Guillerme, auteur du livre L’Inde sous la peau, défend actuellement un projet de financement participatif à propos du tatouage en Inde, et il a accepté de répondre à nos questions.
Retrouvez notre premier entretien avec lui où nous parlons du tatouage traditionnel en Inde.
D’où vient ton intérêt pour l’Inde et le tatouage ?
« Dès l’âge de 20 ans, j’ai longuement voyagé du côté des Amériques et des Antilles. Puis, un certain appel spirituel a dirigé mon attention vers l’Inde. J’ai aussitôt commencé à collectionner des affiches et divers bouts de papier imprimés faisant de moi l’un des plus importants collectionneurs d’art graphique indien. Ensuite, je me suis dirigé vers l’édition et c’est ainsi que mon premier livre a été publié en 2005. S’en sont rapidement suivis quatre autres, toujours sur les spiritualités de l’Inde et sur le graphisme indien. »
Et le tatouage, donc ?
« Pour mon neuvième voyage au pays de la moustache, l’Inde, j’ai commencé à prendre en photo quelques personnes tatouées de bouzilles pour en faire connaître l’existence à mon voisin tatoueur, Philippe Denoyelles, un excellent tatoueur de Vannes. Avec cette première série photos, j’avais la conviction de « tenir » un sujet extraordinaire. J’ai aussi eu le privilège de rencontrer le père du tatouage moderne, le fascinant docteur Kohiyar, un psychanalyste de Mumbai qui le week-end transformait son cabinet en salon de tatouage. Il a formé l’un des plus grand tatoueur des temps modernes : Anil Gupta, aujourd’hui installé à New York. Le docteur Kohiyar, jeune homme de 85 ans a aussi eu la gentillesse d’écrire la préface de mon nouveau livre. Et j’en suis honoré, je l’en remercie mille fois encore ! »
Il y a des tatoueurs indiens qui piquent de manière professionnelle comme on peut trouver en Occident ou ailleurs ?
« Lorsque j’ai initié cette étude il y a sept ans, il était alors très difficile de trouver un tatoueur « moderne » digne de ce nom. Depuis environ trois ans cela devient plus aisé, bien qu’à l’échelle de l’Inde, grande comme six fois la France, ils sont encore bien peu finalement, mais certains sont néanmoins excellents. »
Tu as quelques noms à me citer ?
« Mo Naga (Delhi), Manjeet Singh (Delhi), Lokesh Verma (Delhi), Alex Shimray (Delhi), Eric Jason D’Souza (Mumbai), Yogesh Waghmare (Mumbai) et Abhinandan Basu (originaire de Kolkata, mais exerçant régulièrement en Allemagne). »
Quels styles prisent-ils ?
« On trouve un peu de tout. Ils s’inspirent des sites occidentaux sur internet et donc on peut rencontrer en Inde quasiment tous les styles, mondialisation oblige. Mais peu de gens se tatouent encore des membres entiers, la société indienne commence tout juste à accepter cette nouvelle mode, et elle se rencontre essentiellement en milieu urbain. Les deux genres « locaux » que l’on y verra sont les portraits des parents sur le torse, et les tatouages qui représentent des divinités du vaste panthéon hindou : principalement Shiva, Hanuman, Ganesh et Krishna. »
Il y a des conventions en Inde ?
« Il y a deux conventions à Delhi ! L’une menée par Bharat Suneja et l’autre, très récente, organisée par Lokesh Verma de Delhi et de Sameer Patange de Mumbai. Sinon, il y en a une à Pune (ville voisine de Mumbai), une autre à Mumbai, à Goa et à Kolkata. Rien encore de grandiose, ça se construit doucement et les organisateurs ont encore du mal à quitter un certain « entre-soi », ainsi qu’à attirer l’attention du grand public. »